13 déc. 2012

Une démocratie à la marge


Une démocratie à la marge

La faible affluence notée lors du vote des élections municipales est significative du découragement, de la fatigue de l'escroquerie électorale, des scandales, des palabres et des accusations mutuelles. Le mauricien, la jeunesse en particulier, n'attend plus rien des hommes politiques des partis représentés à l'Assemblée Nationale.
Ce phénomène est nouveau dans le paysage politique de Maurice.
La campagne pour les municipales a mis en exergue les limites de la capacité intellectuelle des dirigeants de ce pays. Ils n'ont pas été en mesure de faire preuve d’imagination, d'idées, de propositions pour les citadins. Ils se sont mutuellement réfugiés dans l'insulte tandis que certaines hautes personnalités ont ouvertement pratiqué ce qui s'apparente à une corruption électorale et qu'une autorité régulatrice a interdit au peuple de s'exprimer à la radio pendant la campagne en négation même de celle-ci.
Le peuple a exprimé à sa manière un discrédit clair de la classe politique, tout autant contre une opposition parlementaire en manque de dynamisme que d'un gouvernement totalement usé en s'abstenant d'aller voter.
L'abstention, d'autant que les élections étaient attendues après un retard de deux ans, démontre clairement que la démocratie mauricienne est malade et a besoin d'un fort renouvellement.
Il appartient à une nouvelle génération de femmes et d'hommes politiques d'incarner un tel changement et ce besoin de fraîcheur alors qu'ailleurs dans le monde la jeunesse fait une belle démonstration de son attachement à la liberté et la démocratie.
Un parti de valeurs, d'idées et de propositions avec une posture nouvelle, digne et noble a toute sa place sur l'échiquier politique d'autant que sur un plan global, l'opposition parlementaire n'a nullement remporté une belle victoire aux élections municipales. Certes, il y a une apparence de réussite dans la mesure où cette même opposition ne dirigeait aucune municipalité et se retrouve désormais aux responsabilités dans trois des cinq municipalités. Si toutefois on analyse les résultats au niveau national, c'est un échec de l'opposition récemment recomposée. En 2010, le principal parti d'opposition seul, a pu résister un peu dans les villes ce qui lui a permis d'avoir tout près d'une vingtaine de députés. Les résultats des scrutins municipaux ne changent pas le rapport de forces par rapport aux dernières élections législatives. Or, l'opposition parlementaire aurait dû remporter haut la main les cinq municipalités car il s'agit des élections intermédiaires toujours favorables mondialement à l'opposition et ce n'est que de cette manière qu'elle aurait pu prétendre de manière crédible à l'alternance.