9 mars 2012

L’île Maurice moderne : rajeunissement de la classe politique

L’île Maurice moderne : rajeunissement de la classe politique

Citoyennes, Citoyens,

Maurice est à un tournant de son histoire politique 44 ans après son Indépendance : ses institutions demandent à évoluer dans la stabilité pour mieux appréhender le monde moderne. Il est évident que les institutions souffrent d’un déficit démocratique.

Les jeunes le ressentent fortement. Le pouvoir politique est aujourd’hui confisqué et se trouve entre les mains de quelques familles uniquement. La République est dynastique d’une part et les anciens s’y accrochent autant que possible d’autre part. Il n’est pas besoin de se référer à ce qui est communément appelé le « Remake » pour s’en convaincre. Le pouvoir n’est pas renouvelé comme il devait l’être en démocratie.

Comment alors faire de la place aux jeunes mauriciennes et mauriciens dans l’espace politique ?

Comme tous les grands pays, notre République doit pouvoir assurer la relève, donner à la jeunesse la possibilité de s’exprimer politiquement tout en permettant aux acteurs expérimentés de la politique de continuer à apporter leur contribution grâce à leur sagesse.

Dans les grands modèles démocratiques, la représentation politique a au moins une double dimension. Le Parlement est divisé en deux chambres : une chambre haute et une chambre basse, appelée souvent Assemblée Nationale.

La chambre haute, que certains appellent Sénat ou Conseil de la République, est habituellement composée de femmes et d’hommes ayant connu une haute expérience de l’État. Après un passage aux responsabilités, tout naturellement, ceux qui ont servi le pays se font élire à la chambre haute pour faire de la place aux plus jeunes dans l’autre chambre et qui pourraient apporter une contribution plus nouvelle à la gestion des affaires de la République. Le pouvoir est constamment renouvelé ainsi.

À Maurice, nous avons une représentation unique, un système dit monocaméral. Le bicaméralisme (deux chambres) permettrait faire de la place aux jeunes ou à tout le moins aux nouveaux.

Par ailleurs, le bicaméralisme permet un meilleur contrôle de l’action du gouvernement et un débat de plus haut niveau. Un projet de loi est débattu entre les deux chambres avant d’être promulgué. La Chambre Haute pourrait tempérer des changements hasardeux et donner un meilleur éclairage à l’orientation politique.

Avoir deux chambres parlementaires permettrait aussi une meilleure représentation démocratique. L’Assemblée Nationale pourrait ainsi être composée selon le mode actuel, le scrutin dit majoritaire (first past the post). La deuxième chambre pourrait être composée à la proportionnelle. Les différents courants de la vie politique seraient mieux représentés.

Bien entendu, la deuxième chambre devrait avoir des pouvoirs légèrement inférieurs à celui de l'Assemblée Nationale. En particulier, le gouvernement ne serait pas responsable devant elle et en cas de désaccord entre l’Assemblée Nationale et la deuxième chambre sur l’adoption d’un texte de loi, le Premier ministre pourrait demander à l’Assemblée d’adopter de manière définitive le texte.

Une telle réforme nous paraît judicieuse pour la nécessaire adaptation de nos institutions à la modernité.

Vive la République,

Shabana Raman-Caunhye Parvèz Dookhy


(publié in Le Mauricien du 9 mars 2012=