9 juil. 2012

INDICATIONS TROUBLANTES – ABANDON DE SOUVERAINETÉ? Une commission d'enquête sur l'Affaire Agalega...


INDICATIONS TROUBLANTES – ABANDON DE SOUVERAINETÉ? Une commission d'enquête sur l'Affaire Agalega...

Les anglais ont l'habitude de qualifier ce genre de situation de prima facie case, entendons par là que des indices graves et concordantes pourraient laisser à penser que les îles d'Agalega soient d'une manière ou d'une autre un élément de renégociation du traité fiscal entre l'Inde et Maurice.
Une première note de l'ambassade américaine à Maurice transmise à Washington en décembre 2006 faisait état d'une éventuelle largesse de Maurice en ce qui concerne Agalega au profit de l'Inde, pays à l'égard duquel les autorités américaines considèrent, à tort ou à raison, que Maurice a fait purement et simplement allégeance.
Dans les faits, trois experts indiens avaient à cette époque effectué une mission dans l'archipel et leur rapport n'a pas été rendu public. Maurice, par la voix de ses hauts fonctionnaires, avait nié en bloc toute l'affaire pour rassurer les américains.
En octobre 2010, l'information a refait surface dans des quotidiens indiens et la presse a alors évoqué une cession d'Agalega à l'Inde. Si Navin Ramgoolam a dû, sous la pression de la presse et de l'opinion publique mauriciennes, démentir de telles révélations, aucun officiel indien ni le Gouvernement indien ne s'est associé à un tel démenti. Le journaliste indien qui a publié l'information a maintenu ses affirmations en dépit du démenti et n'a pas été inquiété en Inde pour propagation de fausse nouvelle. La Haute Commission mauricienne en Inde n'a pas cru nécessaire d'engager une procédure contre l'intéressé, ce qui en dit long en soi...
Parallèlement, en janvier 2011, l'association « Les Amis d'Agalega » a dénoncé la passivité du gouvernement mauricien face aux conditions de vie difficiles des Agaléens. Ces derniers estiment qu'ils sont bien victimes d'une politique d'abandon de la part de la République de Maurice. Le nombre d'agaléens vivant sur l'île a diminué pour cette raison, ce qui pourrait être perçu comme une politique délibérée pour vider l'île de ses habitants à long terme.
Le 6 juillet dernier, The Economic Times titrait que Maurice offre deux îles à l'Inde dans un effort de maintien du traité fiscal. Le Ministre des Affaires Étrangères de Maurice, en mission en Inde, a démenti du bout des lèvres. Il affirme que « Je n'ai aucun mandat pour parler d'Agalega avec les autorités indiennes. À aucun moment, le nom d'Agalega n'a été évoqué lors des échanges[...] ». A contrario, une telle déclaration sonnerait comme un aveu (a confession). Il ferait comprendre que lui, en tant que simple ministre, n'a pas de mandat, ce qui pourrait laisser à penser que la cession relèverait d'une autorité plus élevée!
Le Premier ministre de Maurice n'a pas été plus convaincant le lendemain malgré la posture adoptée. Il qualifie de faux ce qui est rapporté dans la presse indienne mais refuse d'en dire plus sous prétexte que « si un journaliste du Times of India a décidé d'écrire une fausseté et je ne sais s'il a été payé ou s'il a été encouragé à le faire, croyez-vous que comme Premier ministre je vais commenter cette fausseté ? » Le Premier ministre ne prend pas l'engagement devant la Nation mauricienne qu'Agalega ne sera jamais cédée sous quelque forme que ce soit. Il ne dit pas non plus qu'il n'y a aucun avantage stratégique ou important accordé aux indiens sur l'île d'Agalega. Il ne dit surtout pas qu'il n'y a pas d'accord, ni écrit, ni tacite sur le sujet. Le démenti n'est nullement à la hauteur de l'enjeu. Le Gouvernement central indien n'a fait, comme à son habitude, aucun démenti à ce sujet et s'est, d'une certaine façon, désolidarisé de la position officielle de Maurice. Encore une fois, la représentation de Maurice en Inde ne fait engager aucune procédure pour diffusion de fausse nouvelle ou de diffamation contre le journaliste en question.
Or, le Times of India dans son édition électronique du 7 juillet 2012 maintient qu'il y a bien eu des discussions à propos d'Agalega et que le ministre mauricien des affaires étrangères aurait indiqué qu'il n'y aurait aucune difficulté sur la question d'Agalega : “Asked again about the progress on the islands issue, he (NdlR: Arvin Boolell) said: "There are always issues where the discussions, where we have to look at all the parameters. There is no problem on the issue that you just raised." This recorded conversation makes it clear that the minister had said "there was no problem" regarding the handing over of the two islands.”
La question qui pourrait également être posée : y a-t-il un glissement vers un abandon de souveraineté de fait simplement, c'est-à-dire que Maurice accorderait des facilités géostratégiques à l'Inde sur Agalega. Au vu de ce questionnement, il faudrait que les autorités mauriciennes précisent tous les avantages consentis à l'Inde par le biais d'Agalega. Ne jouons pas sur les mots, s'il peut ne pas s'agir d'une cession en bonne et due forme, par la voie d'un Traité bilatéral, il pourrait y avoir un abandon de souveraineté dans les faits, une implantation (des navires dans les eaux, un port, des stations etc...). Ce serait alors une haute trahison de la part des dirigeants actuels de Maurice si tel est le cas. Les députés de l'Opposition en Inde seraient bien inspirés d'interroger fermement leur gouvernement à ce sujet.
Sur le plan local, il serait en définitive sain pour notre démocratie et transparence qu'une réelle commission d'enquête soit instituée pour faire la lumière sur toute cette affaire. Il s'agit non moins d'une véritable affaire d'État !